Ancienne Bibliothèque.

Une bibliothèque en ruine, complètement dévastée et étroite. Nul ne connait l'histoire de cette salle, mais l'on peut y trouver quelques anciens ouvrages, écrits en une langue étrangère et indéchiffrable pour tous ceux qui ont essayés de les traduire.

J'avais traversé les couloirs jusqu'à arriver devant une pièce dont la porte et les alentours n'étaient pas en très bonne état voir pas du tout. C'était complètement délabré ... Je posai mes yeux sur ce qui était écrit sur la porte "Ancienne bibliothèque" puis juste en dessous se trouvait un papier avec mit "Interdiction d'entrer". J'haussai les épaules et mis ma main sur la poignée que je baissai lentement, la porte s'ouvrit dans un grincement alors que je me faufilai par l'ouverture. Je fermai doucement derrière moi puis observai les alentours. Y a pas beaucoup de lumière, on voit rien ... Je mis ma main sur le mur et cherchai après un interrupteur puis après l'avoir trouvé, j'appuyai dessus mais rien ne se produit. Tant pis ... J'attendis que mes yeux s'habituent au noir puis m'approchai d'une étagère poussiéreuse et à moitié en ruine. Faisant attention de ne pas me blesser, je posai ma main sur un bouquin et le délogeai de sa place pour le regarder. Je soufflai dessus pour en retirer la poussière et me mis à tousser par la même occasion en retirant en même temps les toiles d'araignées puis ouvrai le livre histoire de regarder à l'intérieur. Mon dieu ... C'est quoi cette langue ? Secouant la tête, je rangeai l'ouvrage et poursuivis mon exploration avant de me prendre une toile d'araignée en pleine gueule. Tsss ... Je la retirai puis me remis à marcher.

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Dans un grand silence, Reika traversa le mur complètement avant d'arriver dans ce qui semblait être une bibliothèque. Malgré sa longue frange noire, elle put apercevoir que l'endroit était totalement désert, peut-être même tout simplement abandonné. Et cela ne l'étonnerait pas, la pièce qu'elle avait quitté était Interdite d'Accès après tout ; alors pourquoi pas cette bibliothèque aussi ? Des livres traînaient ici et là, et dans tout ce bazar, aucun signe de vie. Pourtant, Reika n'avait pas rêver et était persuadée d'avoir entendu du bruit, était-ce son imagination ? Elle se traîna un peu loin dans l'espoir de voir l'ensemble de la pièce. C'est en fouillant la pièce d'un oeil vif qu'elle aperçut un jeune homme de dos, qui venait à peine de se prendre une toile d'araignée en pleine figure. Le visage de Reika se releva progressivement vers celui-ci et elle commença à le suivre dans un grand silence, avec le but de savoir qui il était et ce qu'il faisait ici. Quant à la pauvre toile d'araignée, complètement détruite, elle était tombée au sol et sa propriétaire, la-dite araignée, déguerpit aussi vite que ses pattes le pouvaient en voyant l'imposante forme effrayante de Reika. Elle est un fantôme après tout ... Il serait étrange qu'on n'est pas peur d'elle.

M'arrêtant une nouvelle fois, je me penchai pour ramasser un vieux bouquin brûlé puis me redressai alors que certains morceaux de feuille et de couverture noircie par les flammes tombaient sur le sol. Sûrement en petit con qui n'a rien trouvé de plus malin que de venir fumer ici ... Je secouai doucement la tête avant de tourner ma tête vers la rangée d'étagère pour y trouver un trou, certainement l'emplacement du livre. J'ouvris ce dernier pour regarder à l'intérieur, on dirait qu'il parle des anges déchus ... Dommage qu'il soit en si mauvais état. Je soupirai et le refermai avant de le poser à sa place. C'est quoi cette impression de ne pas être seul dans cette pièce ? Je me tournai pour regarder derrière moi mais ne vit rien. Soit cette impression est fausse, soit il y a des esprits dans cette pièce. J'haussai les épaules -peut importe hein- et me remis à mon exploration de l'endroit pour ensuite remarquer des gravures sur un morceau du mur. Penchant la tête sur le côté, je m'en approchai et posai ma main dessus. C'est trop vieux que pour arriver à le déchiffrer ... Il a combien d'années ce château ?

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La curiosité est un vilain défaut, Reika en faisait toujours les frais. Toujours, peu importe la situation. Le jeune homme dont elle ignorait le nom se retourna une fois vers elle, mais s'étant rendu invisible, sa présence lui avait échappé. Elle s'approcha lentement du garçon lorsque celui-ci prit un livre au sol qui était en piteux état, finissant par le ranger là où il devait être. Soudain, son attention fut attirée par ce qui n'avait pas échappé au garçon non plus, des gravures apparemment très vieilles étaient visibles sur un des murs de la pièce. Leur signification était indescriptible tant elles étaient en mauvais état et à moitié manger par le temps. Cependant, elles semblaient intrigué le garçon qui s'avança vers elles, comme si la curiosité l'y avait poussé. Reika, quant à elle, n'avait pas bouger d'un pouce et avait scruté les gravures sans grande importance à ses yeux. Soudain, elle s'avança vers le jeune homme de dos, et modifiant sa consistance physique, posa une main sur l'épaule du garçon. Une bonne frayeur ne fait jamais de mal non ? De plus, maintenant qu'elle était visible, il ne pouvait faire comme s'il ne l'avait pas vu.

Je finis par retirer ma main du mur et regarder la poussière accumulée dessus avant de me la frotter sur mon pantalon pour la retirer. Ce n'est que de la poussière, hein, tant pis. J'observai encore les gravures quand j'eus sérieusement l'impression que l'on se trouvait derrière moi. Une sorte de brise glaciale me souffla dessus et je ne me souvenais pas avoir vu une fenêtre ouverte ou un quelconque trou dans le mur ... Je m'apprêtai à me retourner quand je sentis une main sur mon épaule qui ne me surprit qu'à moitié car de un, j'étais habitué aux choses étranges vu que moi même j'en étais une et de deux, avec cette présence dans mon dos ... Il n'empêche que mes pupilles s'étaient légèrement écarquillées sous la surprise, je redevins bien vite normal et me tournai pour se retrouver nez à nez avec une jeune fille aux cheveux qui dans le noir semblaient bleus alors que deux yeux dorés étaient visible à travers une frange. J'aperçus aussi plusieurs choses plus sombres qui semblaient être des tatouages mais dans le noir, c'est difficile à voir. En tout cas, je ne l'avais pas vu ... C'est donc elle que j'ai sentis dans mon dos ? Elle n'est sûrement pas humaine dans ce cas là ... Pour en être sûr, je lançai, assez froidement :

"Qui es-tu ?"

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Combien de temps s'écoula entre le moment où Reika avait posé sa main sur l'épaule du jeune homme et au moment où il se retourna ? A peine quelques secondes, et cette rapidité n'avait guère surpris l'esprit. Ils étaient enfin face à face et la jeune femme pu voir enfin le visage du jeune homme, des cheveux bleus sombres et des yeux qui concordaient à la perfection avec. Des deux, Reika, même en apparence, semblait resté la plus âgée. Un humain ? se demanda t-elle. C'est un établissement bien étrange, alors la présence d'humain serait bien plus qu'étrange. Cependant, lorsque celui-ci lui demanda qui elle était, son visage bleutée se tourna vers une des grandes étagères, et sa main recouverte de tatouages divers se tendit jusqu'à un des livres. Une fois en main, elle lui présenta celui-ci, en ayant un visage d'un grande stoïcisme oppressant. Sur la couverture du livre, on pouvait lire le titre en gros « Les fantômes : Fiction ou Réalité ? ». La réponse se trouvait dans le titre, tout bêtement. Quant à son nom, le garçon ne lui avait pas demandé, et Reika ne voyait pas l'intérêt de le faire. Après avoir laisser le livre aux yeux du garçon quelques instants, elle le rangea calmement et pointa son doigt sur le jeune homme en face d'elle, un geste étrange pour retourner la question à son interlocuteur.

J'attendais calmement ma réponse, le regard posé sur elle silencieusement. Comme on a pu le remarquer, je ne suis pas du genre bavard ... Je mis mes mains dans mes poches alors qu'elle tendait le bras pour apparemment attraper un livre qu'elle me présenta. J'en lus le nom puis redressai vers elle mon regard. Un fantôme ? On dirait bien ... Elle non plus n'aime pas tellement parler ou alors elle ne le sait pas. Après tout, je ne m'y connais pas tellement en fantôme ... Elle finit par ranger le livre puis me pointa du doigt. Je suppose qu'elle me retourne la question ... Et pour toute réponse, je lui laissai voir mes ailes bien que dans la noirceur, elles n'étaient pas fort visible. Avec de telles ailes, il est facile de savoir ce que je suis : Un ange déchu. Je pris l'une de mes ailes entre mes mains et en lissai une plume en faisant attention de ne pas toucher aux chaines ou au sang. Essayer de toucher aux chaines est égal à se ramasser une bonne décharge électrique, de quoi vous décourager de tenter de le faire une nouvelle fois ... Même si c'est sans faire exprès. Je lâchai mon aile et les battis dans l'air pour les dégourdir, faisant s'envoler un nuage de poussière qui me fit un instant tousser.

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Une fois que Reika s'était présentée, elle attendait la réponse retour du jeune homme. Si tout à l'heure, la jeune femme s'était demandé si la présence d'un humain ici soit possible, elle savait maintenant qu'elle n'avait pas à faire un humain. Des ailes noires, difficile à apercevoir de part l'obscurité de la pièce, se dressaient dans le dos du jeune homme. Aux yeux du fantôme, il n'avait réellement plus rien d'humain ; mais ces ailes n'apparaissaient pas comme celle des démons, elle se demanda ce qu'il était. Ce genre d'aile noire recouverte de sang et de chaîne ... Serait-ce un ange déchu ? se demanda t-elle intérieurement. Ni l'un ni l'autre ne semblait aimer parler, bien que les deux le sachent. Lorsque qu'il fit battre ses deux grandes ailes, l'air fit voler des milliers de minuscule poussière qui traversèrent Reika comme si elle n'existait pas. Silencieusement, elle s'avança vers le mur, traversant le jeune homme par la même occasion plutôt que de le contourner. Une fois arrivée près du mur, Reika attrapa un petit caillou qui traînait au sol, et commença à écrire sur le mur avec. Quelques secondes plus tard, le visage inexpressif, elle se retira pur laisser le jeune homme voir ce qu'elle avait gravé au mur : « Ton nom ? » Son visage recouvert de cheveux noirs qui ne laissaient pas entrevoir ses yeux se tourna vers le concerné.

Ma toux se calma bien vite et je pris une plume qui voletait dans l'air, s'étant détaché de l'une de mes ailes. J'observai un instant la perdue noire d'encre que j'allai planter dans mon jeans sur lequel elle resta accrochée. J'étirai longuement mes ailes puis les fermai dans mon dos tendis que la jeune femme s'avançait vers moi et plutôt que de me contourner, elle me traversa simplement. Un long frisson se fit sentir de part en part de moi et je me tournai pour la voir, un caillou en main, écrire sur le mur. Pas bête comme idée ... J'observai les lettres se tracer pour former une question, pour me demander mon nom. Impassible, je pesai un instant le pour et le contre, réfléchissant à si je lui disais ou non. Après tout, ce n'est que mon nom ... Je n'aime pas parler de moi mais la moindre des choses est de me présenter ... n'est-ce pas ? Je tendis donc ma main pour lui prendre son caillou et, au lieu de parler, je me mis à écrire juste à côté.

"Tsugaru Shiki ... Et toi ?"

Je lui rendis son caillou puis laissai ma main retomber le long de mon corps que je mis ensuite dans ma poche.

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Le silence était leur point commun, et ce n'était pas à l'encontre du fantôme que le jeune homme lui prit le caillou pour répondre à son tour. Tsugaru ..., répéta t-elle pour elle-même intérieurement. Lui redonnant le caillou, la jeune femme lui reprit sans broncher et avança celui-ci contre le mur dans le but d'écrire son nom. Mais alors que le caillou frôlait le mur, la peur s'empara d'elle, l'espace d'un instant, elle ressentit une étrange hésitation. Mais très vite, sans afficher aucune expression, elle commençait à écrire, et au fur et à mesure qu'elle écrivait, les tatouages présents sur son bras s'allongeaient et semblaient s'étendre. Mauvais signe. Très mauvais signe. Finalement, la jeune femme eût vite fini, et laissa apparaître sa gravure : « Reika ». Son visage s'abaissa au sol et elle scruta quelques instants les tatouages de son bras, qui se replièrent pour revenir à leur place initiale.

J'observai le mur en silence, attendant de se voir tracer ce qui formera le nom de la jeune fille près de moi. Elle connaissait à présent mon nom et j'attendais donc sagement de savoir le siens. Elle frôla le mur avec le caillou mais ne traça rien, semblant comme troublée l'espace d'un instant. Tiens ? Finalement, elle se mit à tracer et je pus voir comme des ombres bouger dans la noirceur sur son bras et je pus deviner que c'étaient ses tatouages? étrange. Je redressais mon regard vers le mur où se trouvait son nom : Raika. Je tâcherai de m'en souvenir. Je jetai un rapide coup d'oeil à son bras et vis que ses tatouages étaient à nouveaux normaux, comme s'ils n'avaient jamais bougé et que j'avais été victime d'une illusion d'optique sauf que c'était certainement loin d'être le cas.

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L'espace d'un instant, Reika avait cru que ses tatouages ne se seraient pas replier d'eux-même, heureusement pour elle, tout s'était bien passé. Une fois que le garçon eût vu le prénom de la jeune femme gravé sur le mur, celle-ci posa sa main dessus. Progressivement, elle passa sur chaque lettre qui après son passage, avait disparu et laissait un mur vierge de toute trace. Elle n'aimait plus son nom depuis longtemps, et sa simple vue la répugnait. Oubliant très vite son geste, Reika, tenant toujours le caillou dans une de ses mains, recommença à écrire sur la partie laissée vide du mur. Reika était loin d'être une personne ordinaire, et ses réflexions l'étaient tout aussi. Elle s'écarta laissant apparaître sur le mur, le message qu'elle avait inscrit « Est-ce les choses dont plus personne ne se souvient, deviennent des choses qui n'ont jamais existé ? » Le fantôme qu'elle était allait bientôt connaître son 269 ème anniversaire, et personne, absolument personne ne la connaissait. Du moins, tous ceux qui l'avaient connu n'étaient plus de ce monde.

Je pris la plume accrochée à mon pantalon pour joue avec entre mes mains alors que je suivais ce que faisait Raika du coin de l'oeil. Elle s'était empressée d'effacer son nom et je ne comprenais pas vraiment pourquoi, peut-être est ce que ça avait un rapport avec ses tatouages qui avaient bougés d'eux mêmes ? Je n'en ai aucune idée ... Je continuai de me torturer l'esprit un moment mais ne trouvant rien, je me rendis compte qu'elle s'était mise à écrire quelque chose d'autre. Je me mis à lire la phrase qu'elle avait créée puis posai mon regard sur elle en réfléchissant à ce qu'elle avait demandé. Est-ce que les choses dont personne ne se souvient n'ont jamais existé ... Et bien ... Pour moi non en tout cas. Ce n'est pas parce que personne n'en connait l'existence ou alors l'a oubliée que cette chose n'existe pas ... Ou qui n'a pas existé. Je baissai mes yeux vers ma plume et la serrai entre mes doigts alors qu'une lueur bleutée apparaissaient au bout. Je levai le bras et me mis à tracer une réponse dans l'air qui apparaissait comme de la fumée bleue. Mes plumes sont pratiques pour écrire ...

"Non"

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Reika observa quelques instants son message et se tourna vers Tsugaru qui semblait jouer calmement avec une de ses plumes. Alors que celui-ci levait le bras, sa plume lui permit d'écrire un 'non' significatif en fumée bleutée. Le visage était resté impassible et seul sa bouche s'était entre-ouverte. C'était bien la première fois qu'elle voyait quelqu'un qui était capable d'un tel tour de magie. Mais son étonnement n'allait pas plus loin, et son visage continuerait de ne laisser rien paraître. Elle lâcha le caillou qui percuta le sol dans un petit bruit sourd, et commença à se diriger silencieusement vers la sortie de la bibliothèque. Soudain, sans se retourner vers le garçon, elle fit lévité le caillou qui était à quelques mètres d'elle. Celui-ci se mit à graver précipitamment sur une partie du mur vide « Est-ce que ça veut dire que j'existe ... ». A la fin de l'écriture du message, le caillou retomba au sol comme si de rien n'était. Est-ce que ça veut dire que j'existe ... Est-ce que ça veut dire que j'existe ..., se répétait-elle à l'infinie. Sans pouvoir contrôler ses propres pensées, cette fameuse question semblait résonner dans la pièce comme un écho qui se répétait indéfiniment, sans que Reika ne se rende qu'elle perdait petit à petit le contrôle de son propre esprit. Si cela continuait, cette pression allait s'abattre sur toutes les personnes à proximité, incluant le jeune homme. Seulement, la jeune femme ne s'apercevait de rien et faisait répéter encore et encore cette phrase.

Je m'étais remis à jouer avec ma plume comme si c'était un véritable tic, gardant mon regard posé sur Raika alors que la fumée se dissipait peu à peu. Sa bouche s'était légèrement entrouverte, serait-elle surprise ? Peut-être, peut-être pas. Moi en tout cas, je n'en sais rien. Elle a juste ouvert la bouche après tout. Seule elle connait la réponse ... évidemment, bien sûr. Le caillou tomba au sol et je suivis sa course des yeux alors qu'à peine une seconde après il terminait sa course au sol, seul son bruit résonna dans la pièce silencieuse et assez lugubre bien que j'aimais ça. On pourrait ma qualifier de pas normal ... Elle commença à partir et je me tournai légèrement vers elle pour la regarder s'en aller et, à un moment, je vis du coin de l'oeil le caillou léviter. Je me tournai vers lui et le vis graver quelque chose sur le mur que je me mis à lire. "Est-ce que ça veut dire que j'existe ..." Je me tournai de nouveau vers la jeune fille qui s'en allait et, puisqu'elle était de dos, je me résignai à parler :

"Tu existes"

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Un silence ... Puis de nouveau le caillou retombait au sol. Toutes ses mauvaises pensées s'entassaient dans l'esprit du fantôme, et elle semblait ne plus avoir l'oreille attentive à ce qui se passait autour d'elle. Son 'réveil' soudain fut engendré par la réponse du jeune homme. Cette simple réponse avait vidé la tête de Reika d'un seul coup, et elle était de nouveau à l'écoute du monde dont elle avait comme séparé l'espace d'une seconde. Selon elle, sa question avait été d'une stupidité sans nom, même si ça pouvait paraître évident, elle n'existait plus. Et malgré tout, le fait qu'on la traite comme tous les vivants, la changeait de l'habitude lassitude. Son visage se tourna lentement vers le garçon, une vitesse constante, sachant elle n'irait jamais plus vite. Tout aussi lentement, elle s'avança pour n'être plus qu'à un mètre de lui. Une distance qui lui permit de prendre la plume avec laquelle jouait auparavant le jeune homme, la prenant en main, elle écrivit en l'air tout comme l'avait fait le garçon précédemment. Cependant, les lettres apparaissaient d'un noir de jais, difficile à percevoir. Pourtant son message était claire pour elle « Pourquoi ? » Difficile d'expliquer que pour Reika, une réponse sans argument n'était pas une réponse fondée ... Et bien qu'elle n'attendait aucune pitié de la part de personne, elle souhaitait pourquoi le garçon avait pu conclure qu'elle existait alors qu'elle n'était plus de son vivant depuis déjà longtemps.

Je restai là à attendre même une toute petite réaction de sa part, elle finit par tourner la tête lentement puis s'avancer pour prendre la plume, je la laissai faire et essayai de voir ce qu'elle écrivait mais c'était apparemment noire et donc, dans les ténèbres, je dus me concentrer pour essayer de déchiffrer ce qu'elle traçait. J'y arrivai finalement et y vit un "Pourquoi ?". Pourquoi ... La réponse me parait évidente mais il semble qu'elle veuille une explication, chose que je lui donnai de vive voix pour une fois changer.

"Tu es là, devant moi, tu es peut-être un fantôme mais tu existes. Si tu n'existais pas, tu ne te tiendrais pas devant moi, même en temps qu'esprit"

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La réponse de Tsugaru ne se fit guère attendre, et le visage stoïque ne laissait paraître pas la moindre impression sur celle-ci. Certes, il avait répondu, il n'avait fait que rappeler une constante : on ne croit que ce qu'on voit. Néanmoins, peut-on dire que tout ce qui ne se touche pas n'existe pas ? Question sans réponse. Reika était bien là, et pourtant, impossible de la toucher, seul le ressenti d'un froid glacial se faisait sentir en sa présence. Elle tendit son bras vers l'abdomen du jeune homme, le traversant sans problème. Quelques secondes s'écoulèrent et Reika retira son bras en le fixant un instant. Alors, pourquoi ne puis-je pas toucher les gens ? pensa t-elle. S'écartant progressivement de Tsugaru, elle resta immobile un instant. Reika eût soudainement une idée ; elle savait que les fantômes n'avaient pas énormément de pouvoirs, à leur grande tristesse, mais qu'ils pouvaient se faire 'entendre' sans avoir à parler, par le simple pouvoir de télépathie qu'ils possédaient puisqu'ils n'étaient plus que des esprits. Une personne ne peut entendre les pensées d'un fantôme que lorsque celle-ci y croit et n'a aucun doute sur leur existence, et si le fantôme lui en donne l'accès. Reika voulait tester cet étrange pouvoir puisqu'elle avait en face d'elle quelqu'un qui ne semblait pas être plus effrayé que ça de sa simple présence.
« Pourtant ... On m'a exclu des vivants, mais on ne m'a pas permis de rejoindre les morts. » pensa t-elle silencieusement en se demandant si le garçon pouvait l'entendre.

Elle ne cilla pas et j'enfonçai mes mains dans mes poches alors que mes yeux vairons et froid restaient plantés sur elle, cherchant dans son regard une quelconque réaction que je ne trouvais pas. Je la vis tendre son bras, bras qui me traversa sans problème, me laissant juste une drôle d'impression et un frisson me parcourant. Je posai ma main là où son bras était passé, baissant mes yeux vers cet endroit pour l'observer un instant. Je redressai ma tête avant de laisser tomber mon bras le long de mon corps, ma main rejoignant sa place initiale dans ma poche. J'attendais une réponse mais rien ne vint, ou plutôt, elle ne tenta rien pour écrire, semblant pensive alors qu'elle était immobile, une ou deux mètres plus loin. Alors que je la fixais toujours, je finis par entendre quelque chose, une voix de fille, et je devinais sans mal qu'il s'agissait de celle de Raika. C'était comme si j'entendais ses pensées ... Comment on appelle ça encore ? De la télépathie ? Je crois bien.

"Il y a beaucoup de personnes dans ton cas ... Du moins, je le suppose. J'avoue ne pas y connaitre grand chose en fantôme. Tu aurais voulus rejoindre l'au delà ?"

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Reika n'avait jamais vraiment testé ce pouvoir de télépathie, quand bien même elle aurait souhaité en apprendre plus sur celui-ci, les gens la fuyaient. Difficile donc de voir si cela marchait. Le fantôme attendit alors une réponse qui finit par venir, et qui d'une certaine manière, la laissait sans mot. Rejoindre l'au-delà ? Est-ce une bonne chose ? pensa t-elle. Pour Reika, l'au-delà était l'endroit final où atterrissait toutes les âmes ; car il n'existe point de paradis et d'enfer. Si elle avait à rejoindre cet endroit, serait-elle heureuse ? Peut-être. Elle ne le saura jamais. Même si elle voulait rejoindre les personnes là-bas, elle ne le pourrait pas. Finalement, pour seul réponse, elle hocha lentement de façon positive, oui, elle aimerait aller là-bas mais ...

« Je ne peux pas. » pensa t-elle, en espérant que le garçon puisse encore l'entendre.

Afin d'argumenter, elle mit ses bras devant elle, les lui présentant comme si tout le problème venait d'eux. Mais très vite, des chaînes de métal apparurent, elles étaient épaisses et entouraient les poignets et les chevilles de Reika. Ces chaînes partaient au sol, s'enfonçant soit dans le plancher, soit elles s'étalaient, se multipliaient et partaient de la pièce, par les murs ou le plafond. Elles étaient comme le fantôme, visible que si on le voulait. Elles ne faisaient que représenter la connexion solide et indestructible qui empêchait Reika d'aller vers le monde des morts.

« Sont-elles semblables ... aux tiennes ? » pensa t-elle en repensant aux chaînes qu'elles avaient vu sur ses grandes ailes.

Je me doutais un peu qu'elle ne pouvait pas mais elle voulait tout de même y aller, je n'ai jamais rencontré quelqu'un aillant cette envie là ... Moi même je savais que je ne mourrais pas à moins d'être tué, dans ce cas on peut dire que je suis immortel mais une chose est sûre, je n'ai pas fort envie d'aller voir quel est l'au delà. Pour un fantôme, ce n'est peut-être pas pareil ... étant morte, elle a peut-être ce besoin de rejoindre le monde des morts, tout simplement. Et pour illustrer son impossibilité, elle fit apparaitre des chaines ... Des centaines de chaines un peu partout, recouvrant tout. Elle est vraiment coincée sur cette terre ... Elle me posa une question à laquelle je me mis à réfléchir : Mes chaines, est-ce qu'elles sont comme les siennes ? Je regardai mes ailes du coin de l'oeil, plus précisément l'une des chaines s'y trouvant, songeur.

"Je n'en ai aucune idée ..."

Je n'y ai jamais vraiment réfléchis et n'en ai aucune idée. Strictement aucune ... Peut-être que oui, peut-être que non. Qui sait ? Déjà pas moi. Tout ce que je sais, c'est que ses chaines sont dangereuses.

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Un petit geste de la main et les chaînes disparaissaient aussi vite qu'elles s'étaient rendues visibles. Après leur disparition totale, Reika laissa retomber ses longs bras bleutés le long de son corps, comme à son habitude. Elle avait eu espoir, l'espace d'un instant, que le jeune garçon dont les chaînes lui rappelait vaguement les siennes, est un problème semblable au sien. Mais comment pouvait-elle avoir de l'espoir, il n'est pas un fantôme, il est bien vivant. Peut-être que ce problème ne se rattachait qu'aux fantômes justement ... Lorsqu'il lui répondit qu'il n'en savait rien, son visage s'abaissa sans un signe d'une quelconque expression, non, juste une once de déception. Cependant, Reika s'interrogeait sur leur significations.

« Pourquoi en as-tu ? » demanda t-elle sans avoir à ouvrir la bouche, du fond de sa pensée.

Certes, les raisons responsables de sa possession de chaînes ne la regardait absolument pas, et elle n'était pas d'une nature curieuse. C'est leur ressemblance frappante qui l'avait incité à essayer d'en savoir un peu plus. Pour le fantôme, les chaînes représentent toujours quelques chose de particulier, pour elle, c'est le pouvoir invisible qui l'empêche d'aller vers le monde des morts, pour le garçon ... elle n'avait aucune idée sur le sujet.

Je soupirai doucement, réfléchissant, essayant de savoir si oui ou non c'était à peu près la même chose. Si les anges déchus ont des chaines, il y a une raison ... Ou alors je suis le seul à en avoir, qui sait. Je laissai échapper un léger soupire exaspéré de ne pas trouver et laissai finalement tomber, je ne trouverai certainement pas.

Me sortant de mes réflexions, Reika me demanda pourquoi j'en avais et je levais vers elle mon regard, pensif. Pourquoi j'en ai, hein ? Là non plus, aucune réponse ne me vint. Je pris ma plume et la regardai longuement, comme si elle détenait la réponse. J'ai aussi un cadenas autour d'une chaine au cou ... Sûrement que tout ça est un signe d'enchainement, plus la foudre qu'elles contenaient et électrisaient dès qu'on les touchait. à part le collier qui lui est juste impossible à retirer.

"Je ne sais pas non plus mais ..."

Peut-être devrais-je lire un livre pour en savoir plus sur les anges déchus. Jusqu'à présent, je n'ai vus que moi dans un pareil cas ... Généralement, les anges ne font rien qui puisse les rendre comme moi. Je tournai mon regard vers la grande bibliothèque et regardai les titres présents un à un pour trouver ce que je cherchais.

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Le jeune homme avait semblé se perdre dans ses pensées tant il réfléchissait sur les réponses aux questions du fantôme. Il ne le sait pas ? se demanda t-elle. Reika, elle non plus, n'avait aucune idée de la signification de ses chaînes, et puis, avec le temps ... Elle avait fini par comprendre que c'est ce qui l'empêchait de partir du monde des vivants. Mais, que le garçon n'en connaisse pas sa signification, elle trouvait ça étonnant bien qu'elle ne laisse rien paraître. Et d'ailleurs, elle n'eût pas le temps de répondre que le garçon s'enfonçait dans une recherche approfondie dans les livres présents dans la pièce. Cherche t-il un livre sur un sujet qui le tourmente ? Est-ce en rapports avec ces fameuses chaînes ? Tant de question alors que c'était bien évident. Même si encore une fois, cela ne la regardait pas, Reika aurait aimé l'aider mais montrer son intérêt à faire une chose en particulier n'est pas du tout le caractère de l'esprit. Au lieu de fouiller les étagères et autres, le fantôme ne fit que vagabonder lentement en traînant silencieusement des pieds, traversant les grandes étagères remplies de livres. Scrutant du regard les titres des livres un peu au hasard. Et même avec cette frange noire qui semblait bloquer sa vue - ce qui n'était pas le cas -, elle ne loupait aucun livre, mais sa recherche lui semblait vaine. Pouvait-elle se permettre d'abandonner maintenant qu'elle avait commencé la recherche ? Reika n'était pas comme ça.

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